Rétrospective O Grivo

Pour cette rétrospective, nous avons souhaité décloisonner le cinéma en tant que création collective afin de mettre en lumière non pas uniquement le travail des cinéastes, mais aussi celui d’autres artistes dont la contribution enrichit profondément les œuvres. Pour cette édition, nous mettons en avant le travail de composition sonore du groupe brésilien O Grivo, composé d’un duo d’artistes sonores multifacettes.

Créé au Brésil en 1990 par les musiciens et luthiers expérimentaux Nelson Soares et Marcos Moreira, la pratique artistique de O Grivo, bien que centrée sur la musique, entretient un dialogue étroit avec les arts visuels, le théâtre, le cinéma et la danse. Au cœur de leur création se retrouve le désir d’expérimenter, en construisant des instruments, en explorant de nouveaux sons et en mettant sur pied des performances et des installations où curiosité sonore et improvisation deviennent protagonistes.

Les pièces musicales composées pour les films résultent d’une recherche ouverte et plurielle autour de concepts tels que la texture, l’organisation spatiale à partir du son, la superposition, la perspective, la densité, la vitesse, la répétition, la fragmentation ou l’orchestration. Ces paramètres et procédés, issus de la musique mais aussi d’autres champs de l’art contemporain, agissent comme des éclats qui nourrissent le discours cinématographique. Des idées autour de l’harmonie, de la mélodie, du rythme, de l’organisation spatiale, de la perspective et de l’orchestration, sonore et visuelle, sont combinées et réorganisées, tantôt de manière méthodiquement planifiée, tantôt de façon profondément intuitive.

Dans le cadre de cette rétrospective, nous avons sélectionné cinq œuvres dont la musique a été composée par O Grivo. Ces films explorent des territoires qui échappent aux lieux communs des centres urbains. Les paysages deviennent ici de véritables personnages : ils façonnent la narration, influencent la temporalité et dialoguent avec les textures sonores pour créer une expérience immersive, où chaque plan et chaque note contribuent à transporter le spectateur dans un univers sensoriel et poétique unique. Loin d’être de simples décors, ces espaces naturels et ruraux deviennent des catalyseurs de l’imagination, révélant la puissance de l’interaction entre l’image et le son dans la construction d’un récit documentaire d’une profondeur sensible.

- Ana Alice de Morais

Presentée avec le soutien du Consulat Général du Brésil à Montréal and de l'Institut Guimarães Rosa