La 26e édition des RIDM débute demain et se déroule jusqu’au 26 novembre, en présence de plusieurs invité·e·s d’ici et de l’international. Le public est ainsi convié à 12 jours de découverte grâce à une programmation originale composée d’une centaine d’œuvres documentaires.
Le coup d’envoi du festival sera donné le mercredi 15 novembre dès 19 h au Cinéma Impérial avec la projection de Bye Bye Tiberias, en présence de la cinéaste franco-palestinienne-algérienne Lina Soualem, avec le soutien du Consulat général de France à Québec. Portant un regard inspiré sur quatre générations de femmes, la cinéaste revisite l’histoire de sa mère, l’actrice Hiam Abbass (Les Citronniers, Succession), qui a quitté très jeune son village natal pour poursuivre ses rêves. Cette œuvre documentaire sensible navigue habilement entre documents d’archives, poésie et narration personnelle pour recomposer le récit de sa famille palestinienne. Le film témoigne avec délicatesse de l’importance de la lignée et des rapports intergénérationnels dans un contexte d’exil et de déracinement. Le résultat est un portrait lumineux de femmes résilientes, où les deuils familiaux et les souvenirs personnels offrent une voie d’accès à la mémoire collective de tout un peuple.
La projection du film d’ouverture sera précédée du court métrage D’ici, d’ailleurs, réalisé par Chadi Bennani dans le cadre de la résidence Regard sur Montréal 2023 du Conseil des arts de Montréal. À travers des conversations intimes, le film juxtapose les différentes influences et réalités régissant le développement de l’identité culturelle d'immigrants de 2e et 3e génération. La soirée se poursuivra à la Cinémathèque québécoise, quartier général du festival, pour une soirée festive et musicale avec le duo AjiByrd.
JOUR 2 - Jeudi 16 novembre
La deuxième journée du festival sera marquée par le lancement de Má Sài Gòn (Mère Saigon) de Khoa Lê, présenté en première québécoise aux RIDM. Après avoir exploré ses racines dans BÀ NÔI (RIDM 2013), le cinéaste retourne dans son pays d’origine pour plonger au cœur de la communauté 2SLGBTQIA+ locale et explorer les liens affectifs qui la soudent. Le film célèbre avec éloquence l’authenticité et la puissance des rapports humains et met en évidence que la notion de famille, qu’elle soit de sang ou choisie, demeure une pierre angulaire de la culture vietnamienne. Le public sera ensuite invité à une soirée aux sonorités du Vietnam et au-delà, avec de la musique japonaise, chinoise et américaine mixée par le collectif montréalais Transpacific Express.
Des cinéastes en provenance des quatre coins de la planète seront présent·e·s pour présenter leurs œuvres au public montréalais. De la France, avec Nouveau monde ! (Le monde à nouveau), les cinéastes Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval s’interrogent sur le monde actuel et le cinéma en nous amenant à Ouessant, île bretonne où s’est installé Jean Epstein en quête de réel après avoir réalisé La chute de la maison Usher en 1928. De la Corée du Sud, K-Family Affairs, premier long métrage de Arum Nam oriente sa caméra sur ses parents, deux membres de la génération 386. Entre le conformisme d’un père devenu haut fonctionnaire et la fébrilité d’une mère activiste féministe, la cinéaste tente de trouver sa place et sa manière de participer, à son tour, à la transformation de la société. Puis, du Brésil, Crowrã de João Salaviza et Renée Nader Messora est présenté aux RIDM après avoir remporté le Prix d'Ensemble dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes. Filmée en 16mm au cours de quinze mois, cette œuvre traverse près d’un siècle de mémoires des Krahô, une communauté autochtone du Brésil dont les récits de résistance sont aussi puissants que ceux des carnages auxquels ils ont survécu. Les personnages, dont certains signent le scénario, se prêtent au jeu avec totale aisance, conférant à ce film une authenticité rarement vue au cinéma.
JOUR 3 - Vendredi 17 novembre
Une programmation très diversifiée sera au menu de cette troisième journée. Les festivalier·ère·s auront la chance unique d’assister à la performance Sonia Wieder-Atherton en concert : Hommage à Chantal Akerman. Des images extraites des films Histoires d’Amérique et D’Est (présenté le jeudi 16 novembre en version restaurée) seront projetées dans un rythme lent, pendant que Sonia Wieder-Atherton, compagne de la regrettée cinéaste, fera dialoguer son violoncelle avec elles. Dans un tout autre rythme, les RIDM présenteront leur tout premier Gala de lutte féminine à l’occasion de la première mondiale du film Celles qui luttent de Sarah Baril Gaudet suivant Azaelle, Loue O’Farrell et LuFisto, les guerrières du ring qui, loin des foules galvanisées devant lesquelles elles se produisent, se livrent avec sensibilité dans l’intimité de leur foyer. Un second film québécois connaîtra sa première mondiale ce même soir, soit Journal d’un père de Claude Demers qui nous avait offert Une femme, ma mère (RIDM 2019). Avec comme point de départ la juxtaposition de son propre rôle de père et les relations avec ses pères biologiques et adoptifs, le cinéaste propose une douce exploration de la paternité, empreinte d’amour et de mélancolie, et on ne peut plus personnelle.
Dans le cadre du Focus Bidayyat : nouveaux départs, une table ronde intitulée Histoire intimes / intériorité documentaire se tiendra à l’Université McGill. Pour toute une jeune génération d’artistes, le printemps arabe s’est révélé l’étincelle allumant le feu intérieur de la créativité. Sensible à ce point de rupture, Bidayyat a rassemblé des cinéastes, des mentors et des média-activistes de tous âges afin de produire des films qui mettraient en lumière ce moment historique sans précédent. Les participant·e·s discuteront de leurs films, du rôle de l’art et de l’esthétique dans les mouvements de libération arabes, ainsi que de la présence au quotidien de ces questions dans le montage de leurs œuvres chez Bidayyat. Cette table ronde sera suivie de la projection du film Coma de la cinéaste syrienne Sara Fattahi à la Cinémathèque québécoise.
Toujours du côté de l’international, les RIDM auront le plaisir d’accueillir le réalisateur belge Natan Castay qui viendra présenter En attendant les robots, une docu-fiction qui se penche sur la réalité que partagent plusieurs dizaines de milliers d'individus à travers le monde : le turking. À travers Otto, un personnage fictif, le cinéaste entreprend une enquête expérimentale et s’immisce dans cet univers numérique où brouiller un visage sur Google Street View permet de remporter un sou et où les employé·e·s sont payé·e·s en cartes-cadeaux Amazon. Récompensée d’une mention honorable au Festival Slamdance, le festival accueillera également la cinéaste expérimentale Kimi Takesue qui, avec Onlookers, nous présente des instantanés de la vie quotidienne de touristes au Laos. Elle les filme dans leurs interactions avec d’autres touristes et avec les habitant·e·s. Les enjeux postcoloniaux, déjà évoqués par le sujet du film, sont soulignés par l’accent mis sur notre rôle de spectateur.
JOUR 4 - Samedi 18 novembre
Deux cinéastes bien connus aux RIDM présenteront leurs films en première canadienne. Cinq ans après Soleils noirs (Grand prix de la compétition nationale longs métrages - RIDM 2018), Julien Elie est de retour avec La Garde blanche qui met en lumière le régime de terreur et de violence généré par les compagnies minières transnationales, en collaboration avec le gouvernement mexicain et le crime organisé, leur permettant de s’approprier des territoires pour en exploiter les ressources. Quant à Peter Mettler (The End of Time - film d’ouverture des RIDM 2012), il sera à Montréal pour présenter While the Green Grass Grows, une série en sept parties, dont deux chapitres réunis en long métrage seront présentés au festival. Gagnant du Grand Prix de la compétition internationale longs métrages à Visions du réel, cette exploration cinématographique aussi épique qu’intime se concentre sur l'expérience personnelle du réalisateur qui a perdu ses parents pendant la pandémie. Le cinéaste donnera également une classe de maître le dimanche 19 novembre.
Les réalités autochtones seront abordées dans les films WaaPaKe (Demain) de Jules Arita Koostachin qui, dans un espace sécuritaire, va à la rencontre de survivant·e·s des pensionnats autochtones afin de redonner un visage à ceux et celles qu’on a voulu effacer et aider à panser les plaies créées par cet horrible chapitre de l’histoire coloniale nord-américaine, et Le grand mystère Gentil de Ella Norton qui suit l’artiste inuk et mi’kmaq Amy Hull dans sa quête, alors qu’elle s’interroge sur son rapport avec Terre-Neuve, son lieu de naissance.
Le cinéaste Boubacar Sangaré présentera Or de vie, une œuvre s'immisçant dans la promiscuité des travailleurs de l’industrie de l’orpaillage au Burkina Faso. Captant des moments de vie partagés par des chercheurs d’or en quête d’un avenir meilleur, son film dresse un portrait édifiant d’une jeunesse confrontée à un danger omniprésent. Nour Ouayda sera également au festival afin de présenter The Secret Garden, un film empreint de poésie qui suscite d’importants questionnements sur la nature environnante.
Une séance d’écoute de documentaires sonores aura lieu au Cinéma Moderne grâce à l’initiative de Jenny Cartwright, afin de mettre en lumière des œuvres qui ne sont pas ancrées dans les pratiques du cinéma traditionnel.
JOUR 5 - Dimanche 19 novembre
Fidèles à ses traditions, les RIDM organisent les dimanches matin à la Cinémathèque québécoise des projections pour toute la famille afin d’initier les cinéastes en herbe au cinéma d’inspiration documentaire. Pour une première activité, le studio d’artistes montréalais la lumière collective initiera les jeunes de 5 à 17 ans au cinéma expérimental avec une première projection qui sera suivie d’un atelier de peinture sur pellicule animée par le cinéaste Guillaume Vallée.
Lors de la cinquième journée, plusieurs œuvres inviteront à une discussion plus engagée avec les cinéastes présent·e·s, notamment Notes from Eremocene de la documentariste slovaque Viera Čákanyová qui explore un avenir dystopique afin d’interroger notre rapport aux technologies, Going to Mars: The Nikki Giovanni Project des cinéastes Joe Brewster et Michèle Stephenson qui reviennent sur les moments marquants d’une militante dans la lutte pour la justice et l'équité sociale aux États-Unis, ainsi que Le temps dérobé, documentaire d’enquête réalisé par la réalisatrice canadienne Helene Klodawsky qui révèle la négligence de tout un système, en relatant la croisade de l’avocate Melissa Miller (également présente à la projection) contre l’industrie des maisons de retraite à but lucratif. En dressant le portrait de travailleurs forestiers, Silvicola de Jean-Philippe Marquis remet en question une industrie exploitant une ressource naturelle que nous savons en déclin.
Parmi les nombreux invité·e·s cette année, le festival est ravi d’accueillir Rosine Mbakam (Les prières de Delphine - RIDM 2021) et son film Mambar Pierrette. Avec l’approche douce et sensible qu’on lui connaît, la cinéaste camerounaise met son bagage de documentariste au service de cette fiction directe qui dépeint une femme à la fois délicate et affirmée qui doit faire preuve de résilience pour combler les besoins de ses enfants.
La Soirée de la relève Radio-Canada, qui a également lieu le dimanche 19 novembre, permettra de découvrir des courts métrages documentaires de cinéastes de la relève québécoise. Une occasion unique pour le grand public d’apprécier les réalisations des voix d’aujourd’hui et de demain. Les six films finalistes cette année sont Casa Bonjardim de Camille Salvetti, Clémence de Myriam Ben Saïd, Where Motion Has Not Yet Ceased de Juliette Balthazard, ZEITGEIST de Louise Blancheteau, It Is What It Is de Nicole Doummar et La ravissante de Diego Gros-Louis. La soirée se terminera à la Cinémathèque québécoise avec l’After de la relève.