Le Grupo de Cine Liberación sin Rodeos (Groupe de Ciné Libération sans tourner autour du pot) est fondé en 1972 à Cusco, au Pérou, par Pedro Neira, Raúl Gallegos, Marcela Robles et Carlos Ferrand. En 1974, Nené Herrera rejoint le groupe, dont les membres réalisent leurs films de manière collective, où chacun fait un peu de tout (caméra, son, montage, etc.). Les œuvres produites sont alors en phase avec le projet politique du pays. De 1968 à 1975, sous la direction de Juan Velascos Alvarado, le gouvernement révolutionnaire militaire du Pérou met en place plusieurs réformes sociales et économiques abordées par le collectif.

À travers des explorations cinématographiques allant du pamphlet à une démarche plus impressionniste et fictionnelle, les intentions sociales et politiques du Grupo de Cine Liberación sin Rodeos sont sans équivoque. Leurs œuvres créent des représentations radicales et poétiques des réalités culturelles, sociales, politiques et économiques de plusieurs régions du Pérou, de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Divisés en deux programmes, les quatre courts métrages du Grupo de Cine Liberación sin Rodeos qui seront présentés demeurent méconnus au Québec et ailleurs. Un d’entre eux, Una Película sobre Javier Heraud, est d’ailleurs toujours inédit. Mecanicos piratas del Lima, une œuvre de Carlos Ferrand tournée à la même époque et terminée en 2022, fait aussi partie du programme.

En la présence de ce cinéaste installé au Québec depuis les années 1980, et avec qui nous avons élaboré cette rétrospective, le contexte de production des œuvres sera exposé et leur contenu discuté à la lumière de la réalité actuelle du Pérou, et plus largement du monde d’aujourd’hui. Ces films invitent également à une réactualisation de notre réflexion collective sur la relation entre l'engagement social et le cinéma.

- Hubert Sabino-Brunette