Pionnière du cinéma expérimental, Louise Bourque est une cinéaste acadienne basée à Montréal. Une grande partie de son œuvre est conçue avec un véritable ancrage dans le cinéma documentaire, ou plus largement dans le réel. Adoptant une démarche très personnelle, voire autobiographique, elle déploie une poésie visuelle et auditive sensorielle qui incarne une rare intériorité. Avec une vigueur esthétique renouvelée, elle revisite des archives diverses, notamment des éléments de ses propres œuvres et des films de famille tournés par son père. Elle sculpte véritablement la matière filmique, par un travail artisanal complexe de manipulations à la tireuse optique, de tirages contacts et de réemplois qui multiplient les formes d’altération et de transformation de la pellicule, allant du développement à la main à la teinture, en passant par l’usure manuelle, mécanique ou chimique provoquée avec savoir, minutie et expérimentation raisonnée. Adaptant ses gestes et ses techniques artistiques en fonction de la nature de chaque projet, elle explore avec art d’ingénieuses réflexions sur la mémoire, la nostalgie, les traumas et l’identité.

Cette rétrospective nous permet de revisiter six de ses courts métrages, dans le cadre d’un programme composé de Just Words (1991), Fissures (1999), L’éclat du mal / The Bleeding Heart of It (2005), A Little Prayer (H-E-L-P) (2011), Autoportrait / Self Portrait Post Partum (2013) et Bye Bye Now (2022). Leur projection sera suivie d’une discussion de 40 minutes avec l’artiste. Une conférence autonome de 90 minutes, notamment autour des œuvres Going Back Home (2000), Self Portrait Post Mortem (2002), Jours en fleurs (2003) et Remains (2011), permettra d’explorer plus en détails sa démarche, sa pratique artistique et sa conception du cinéma. Pour conclure, nous sommes particulièrement choyées d’accueillir une performance de Louise Bourque. 

Notice biographique : Louise Bourque a étudié le journalisme à l’Université de Moncton avant de s’orienter vers le cinéma à l’Université Concordia, ainsi qu’à la School of the Art Institute of Chicago où elle a complété sa maîtrise. Elle a enseigné le cinéma à l’Université Concordia et aux États-Unis, notamment au Emerson College, à la School of the Museum of Fine Arts de la Tufts University et à la Boston University. Depuis le tournant des années 1980, elle a créé des installations et réalisé une douzaine d’œuvres cinématographiques remarquées à travers le monde, dans plusieurs festivals ou musées, notamment au Sundance Film Festival, au International Film Festival de Rotterdam, au Tribeca Festival, au Flaherty Film Seminar, au Ann Arbor Film Festival, au TIFF, au Musée des beaux-arts du Québec, à la National Gallery of Art de Washington, au MOMA ainsi qu’au Whitney Museum of American Art de New York. Ses films ont reçu plusieurs distinctions, sa carrière a été célébrée dans une monographie publiée par l’Institut canadien du film et son œuvre a été présentée dans le cadre de rétrospectives.

-Hubert Sabino-Brunette